L’histoire du territoire de Milly-la-Forêt est étroitement liée à la filière des Plantes Aromatiques et Médicinales (PAM). La vallée de l’Ecole est notamment le premier bassin de production de plantes médicinales de France du XIXème au milieu du XXème siècle. Mais l’apparition de concurrents et de molécules de synthèse, entraine rapidement une diminution de cette production. En 2012, l’ADéPAM est créée dans le but d’insuffler une nouvelle dynamique à cette filière emblématique du territoire.
Depuis 10 ans, l’ADéPAM mène différentes actions de structuration de filière. Elle créée en 2018 la CUMA Millyppam, suite à plusieurs années d’études et expérimentations. En 2022, elle lance sa marque collective Vallées des sens, pour valoriser les productions locales de plantes. Ainsi, l’ADéPAM accompagne l’ensemble des acteurs de la filière de l’amont à l’aval. En parallèle, elle soutient des études scientifiques pour toujours améliorer sa vision de la filière, à tous les niveaux. En 2022, une étude scientifique sur les impacts de la biodiversité des parcelles de PAM est portée en partenariat par le Parc et l’ADéPAM, ainsi qu’avec la Chambre, Conservatoire, CUMA, …
Cette étude a été menée par Fanny JEGU, en stage au PNR du Gâtinais Français lors de son stage de fin d’étude et suivie par Julie CHERCHELAY, chargée de mission Agriculture et Circuits-courts et Alexandre EMERIT, chargé de mission Environnement au PNR du Gâtinais français.
Présentation des résultats au Conservatoire National des Plantes le 14 septembre 2022
L’objectif de l’étude était de mettre en évidence l’impact de la présence de cultures de PAM sur la biodiversité à proximité ou au sein de grandes cultures. Des choix de méthodologiques ont été fait. Trois types de parcelles ont été étudiés : « céréales » (blé), « PAM » (thym, lavandin ou menthe poivrée) et « céréales + PPAM » (des parcelles juxtaposées). Trois familles d’insectes ont été sélectionnées : les auxiliaires de culture avec l’étude des carabes, les pollinisateurs avec l’étude des lépidoptères et les ravageurs avec l’étude des gastéropodes.
De mai à juillet, des prélèvements de ces insectes ont été effectués dans les trois types de parcelles, au total près de 162 relevés ont été réalisés pour chaque classe d’espèce. Trois techniques de pièges ont été employées, adaptées pour chaque insecte. Le piège de Barber a été utilisé pour les Carabes, il s’agit d’un récipient enfoncé dans le sol, qui intercepte les animaux mobiles qui tombent à l’intérieur. Les papillons ont été attrapés par des filets à papillons et les gastéropodes étaient attirés sous des planches de bois, créant un milieu humide, propice à leur cycle de vie. A l’issue de ces relevés, chaque espèce est comptée.
Les données collectées sont ensuite traitées pour visualiser sous forme de graphique, l’impact des PAM sur la biodiversité des parcelles. Deux indicateurs ont été choisis et étudiés : l’abondance de l’insecte et la richesse spécifique correspondant au nombre d’espèces présentent sur une parcelle.
Histogramme de l’abondance et de la richesse spécifique en Carabe
Concernant les carabes, les résultats montrent que leur abondance et leur richesse spécifique est supérieur au sein des parcelles « Céréales + PAM » que dans les parcelles « PAM » ou « Céréales ». On voit donc bien, par cette étude qu’une importante diversité de plantes entraine une augmentation de l’abondance et de la richesse spécifique en carabes.
L’implantation de plantes aromatiques et médicinales en bordure des parcelles de grandes cultures offre des habitats favorables aux carabes, favorisant ainsi leur dispersion dans les parcelles environnantes (notamment vers le blé) où ils pourront trouver de la nourriture supplémentaire.
Histogramme de l’abondance et de la richesse spécifique en papillon
Concernant les lépidoptères, ce sont des insectes attirés par les plantes nectarifères, comme les PAM et on les retrouve donc plus nombreux dans les parcelles de PAM, ces dernières permettent néanmoins d’augmenter l’abondance et la richesse spécifique de papillons dans le blé lorsqu’elles sont à proximité. Certains papillons n’ont été prélevés que dans certaines parcelles. Les papillons n’ont pas d’intérêts agronomique directe, cependant, préserver les papillons dans les milieux agricoles permet de protéger les oiseaux des plaines agricoles, pouvant eux aussi agir comme auxiliaire de culture.
Ainsi, l’étude montre que la présence de culture de PAM favorise et préserve la biodiversité, notamment la famille d’Insecte des Carabes. Elle augmente de même, la diversité et l’abondance de lépidoptère, insecte pollinisateur important. La présence de PAM a donc bien un effet, positif sur la biodiversité et l’étude est une base solide pour poursuivre et affiner la méthodologie. En effet, les modes de productions individuels n’ont pas été pris en compte dans cette étude et il serait intéressant d’intégrer ce paramètre. De la même manière, la prise en compte de la temporalité est indispensable pour avoir des résultats significatifs sur toute l’année.
Étude menée d’avril à septembre 2022.